top of page
Rechercher

Podcast #2 C'est chaud mais c'est pro: Troubles alimentaires - Corps en guerre, couple en crise


Je suis heureuse de vous annoncer la sortie de mon deuxième podcast, diffusé sur Fréquence Mistral, où j’aborde un sujet délicat mais essentiel : le lien entre troubles du comportement alimentaire, sexualité et vie de couple.



Quand le corps devient le champ de bataille d’un conflit intérieur, ce ne sont pas seulement la manière de s'alimenter qui est impactée.

Le désir, le plaisir, la relation à l’autre, tout ce qui touche à l’intimité, en ressortent bouleversés.


En consultation, je rencontre souvent des personnes pour qui le corps est devenu à la fois l’ennemi et le bouclier : un objet de lutte, de silence, de contrôle. Et dans cette guerre invisible, le couple devient parfois un territoire fragile, traversé d’incompréhensions, de repli ou de tensions.


Le corps, selon Michel Foucault, est un lieu de pouvoir. Dans Surveiller et punir (1975), il décrit comment nos sociétés façonnent les corps à travers des normes, des discours et des pratiques disciplinaires. Les troubles alimentaires peuvent alors être compris comme des formes d’auto-dressage, où la personne tente de reprendre un pouvoir qu’elle sent lui échapper ailleurs.


Mais ce pouvoir est souvent à double tranchant. Comme l’écrit l'anthropologue David Le Breton dans Anthropologie du corps et modernité (1990), le corps est aussi un langage. Il devient le lieu de l’expression silencieuse, du retrait du monde ou de la résistance. Les conduites de contrôle alimentaire peuvent ainsi être vues non pas comme des pathologies au sens strict, mais comme des stratégies existentielles, dans un monde où la parole fait parfois défaut.


Et lorsque le rapport au corps devient conflictuel, la sexualité est souvent reléguée, évitée ou vécue avec douleur. L’intime, au lieu d’être un espace de rencontre, devient un lieu de menace : peur du regard, du toucher, de l’envahissement. Le couple, de son côté, oscille entre le désir d’aider et l’impuissance. Il faut alors penser l'accompagnement à la fois sur le plan thérapeutique et relationnel, avec beaucoup de délicatesse.


Dans cette logique, les travaux de Julia Kristeva sont éclairants : dans Pouvoirs de l’horreur (1980), elle décrit le processus d’abjection : ce moment où l’on rejette une partie de soi perçue comme impure, incontrôlable, menaçante. Le corps malade, le corps qui mange trop ou pas assez, qui désire mal ou pas du tout, devient l’objet de ce rejet — parfois même par la personne elle-même.


Cette tension entre attirance et dégoût se retrouve aussi dans les relations de couple. Comme le montre Jean-Claude Kaufmann dans Corps de femmes, regards d’hommes (1995), la sphère conjugale est traversée par des attentes implicites, souvent genrées, sur le corps, la sexualité, la disponibilité affective. Ce que l’un voit comme une preuve d’amour peut être ressenti comme une intrusion. Ce que l’un attend comme un rapprochement peut être vécu comme une menace.


Et cela nous ramène aux structures sociales plus larges, que Françoise Héritier décortique dans Masculin / Féminin (1996). La façon dont les corps féminins sont construits socialement, à la fois sexualisés, surveillés, responsabilisés, participe à la souffrance de nombreuses femmes face à leur propre image, leur rapport au plaisir, ou leur capacité à dire "non" sans culpabilité.


Le trouble alimentaire comme langage du corps

Ce lien entre nourriture, sexualité et identité a aussi été largement exploré par Claude Fischler, dans L’Homnivore (1990). Il y montre que l’acte de manger, comme celui de faire l’amour, est toujours plus qu’un besoin biologique. C’est un acte profondément culturel, émotionnel et identitaire, marqué par la peur, le plaisir, la mémoire. Les troubles du comportement alimentaire, à ce titre, sont rarement "seulement" alimentaires : ils parlent du lien, du manque, de l’excès, de la tentative de trouver une place — dans son corps, dans le monde, dans le regard de l’autre.


Dans le film La Pianiste de Michael Haneke (2001), inspiré du roman d’Elfriede Jelinek (1983), on voit un personnage féminin pris entre pulsion de contrôle et besoin d’abandon. Le corps d’Erika est soumis à une logique de renoncement, de rigidité extrême. Son rapport à la sexualité, à la musique, à sa mère (et à elle-même) illustre avec une force glaçante les tensions que vivent tant de personnes prises dans une lutte contre leur propre désir.

Ce film, met en lumière le fait que le corps devient le lieu de tous les conflits que la parole ne peut pas contenir.



Se faire accompagner en cas de trouble alimentaire

Si ce podcast ou cet article fait écho à ce que vous vivez, que vous soyez directement concerné·e ou partenaire d’une personne en difficulté, il peut être utile d’en parler dans un cadre professionnel.


En consultation individuelle ou en thérapie de couple, je vous accompagne pour :

  • mieux comprendre ce qui se joue dans la relation au corps, au désir et à l’autre ;

  • sortir de l’isolement ;

  • et construire des repères plus apaisés dans votre vie intime et relationnelle.


Pour prendre rendez-vous, c’est par ici : https://www.nbsexotherapie.com/book-online



une personne qui a des tca et qui ne laisse plus de place à la sexualité

 
 
 

Comentarios


Siret : 894 141 472 00015

©2021 par NB Sexothérapie

bottom of page