Aucune preuve physiologique n’existe pour démontrer la virginité féminine.
Dans certaines sociétés, la virginité féminine est associée à une certaine pureté qu’il convient de conserver.
Aucune différence physiologique n’existe entre une femme vierge et une femme qui ne l’est pas.
Mathilde Delespine, sage-femme et membre de l’association Gynécologie sans frontière explique que les hymens, comme tous les organes du corps, diffèrent selon les individus. Certains hymens, par exemple, sont petits et très souples et de ce fait, ne sont pas lésés lors de la pénétration : il est donc impossible de conclure à la virginité d’une jeune femme en examinant son hymen[1].
Mais alors comment se fait-il que ce mythe là ait prit forme et soit autant présent dans l’inconscient collectif ?
Meryem Sellami, socio-anthropologue et enseignante à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis travaille sur le genre, le rapport au corps et la construction de l’identité nous éclaire sur ce sujet[2].
Parce que la femme, par son corps, permet à la société de se reproduire, son corps et sa sexualité peuvent constituer une menace contre son unité : « le contrôle accru de la sexualité des femmes témoigne d’une volonté de maintenir et de préserver un ordre social comme la hiérarchie des sexes et des genres sur lequel il est construit, afin d’endiguer d’éventuels conflits sociaux ». Meryem Sellami se réfère à Mary Douglas, anthropologue également, qui a apporté un éclairage certain sur le rôle social de la pureté, « qui, par la valorisation de la virginité et de la fidélité matrimoniale des femmes, participe de la préservation de l’unité d’un groupe qui intègre ces valeurs patriarcales comme autant de constituants de son identité culturelle et collective ».
C’est là tout l’intérêt d’une politique des corps qui est centrée sur la norme virginale. Et donc, des normes et des contrôles pèsent sur une connaissance effective du corps féminin.
Ces normes et ces injonctions à les respecter ont tout leur sens dans des sociétés fondées, régies par et pour les hommes, où le patriarcat domine.
Les femmes stigmatisées et qui évoluent au milieu de ces normes lorsqu’elles accèdent (« trop ») tôt à la sexualité choisissent parfois d’avoir recours à l’hyménoplastie, une reconstitution d’hymen avec fil, aiguilles et points de sutures, pour éviter la répudiation et conserver l’ « honneur » de leurs (futurs) maris[3]. Alors certes la problématique de la virginité ne nous concerne pas tous et toutes mais nos sociétés sont également traversées par des normes esthétiques en matière de vulves, de lèvres vaginales, etc. Par exemple, la nymphoplastie ou labioplastie offre la possibilité de corriger la forme ou la taille des lèvres vaginales.
Afin de permettre à la quête éternelle de perfection, de jeunisme, de netteté et de conformisme, de continuer à être promue, les cliniques de chirurgie esthétiques offrent ainsi aux femmes qui le désirent (ou qui sont plus ou moins contraintes de le souhaiter) de recourir à des opérations pour corriger une « excroissance disgracieuse : les petites lèvres qui émergent hors de la fente de la vulve sont visuellement dérangeantes en raison de leur forme, de leur couleur ou de leur apparence » ou bien une asymétrie[4].
Pour terminer sur une touche positive, je rappelle que les normes sexuelles, certes entravent, mais il est possible toujours possible de développer des stratégies de négociation, d’émancipation. Nous sommes acteurs de nos vies, non des sujets passifs. On peut émettre une pensée critique vis-à-vis de ces normes tout en reconnaissant que nous les avons également intériorisées, adopter des postures consensuelles parfois et militer à d’autres moments pour leur reconnaissance.
Au-delà de l’une binarité qui ne permet pas le développement des consciences : « c’est bien », « c’est mal », gardons à l’esprit que l’être humain est avant tout en perpétuel mouvement, ni en résistance frontale et permanente ni en soumission totale.
[1]https://www.publicsenat.fr/article/societe/le-saviez-vous-la-virginite-feminine-ne-correspond-a-aucune-realite-anatomique [2] https://journals.openedition.org/anneemaghreb/3197 [3] https://www.lemonde.fr/societe/article/2008/06/19/mon-hymen-son-honneur_1060339_3224.html [4] https://www.crpce.com/chirurgie-esthetique/nymphoplastie
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